La législation impose aux collectivités locales d’avoir un seuil minimum de rendement en réduisant les fuites dans les réseaux d’eau potable et en améliorant leur connaissance de ces réseaux. En 2017, en France, le rendement moyen du réseau de distribution d'eau potable est d'environ 79,8 % : pour 5 litres mis en distribution, 1 litre d'eau est perdu dans les canalisations avant d’arriver au consommateur*. La méthode traditionnelle qui consiste à faire un bilan périodique du ratio eau consommée / eau distribuée ne suffit plus pour atteindre une performance satisfaisante.

Etape 1 : Connaître la demande, une étape primordiale

B.A. BA de la gestion de réseau, la connaissance de la consommation est la première étape indispensable à la performance du réseau. Avec la loi NOTRe, les collectivités territoriales s’agrandissent et avec elles, les réseaux d’eau qu’elles opèrent. Pour connaître en temps réel la demande en eau sur leur territoire, de plus en plus de collectivités comme celle de la Vallée Dorée équipent leurs compteurs de petits émetteurs radio non nocifs pour la santé, afin de collecter les index journaliers. Les données sont traitées par des algorithmes afin de formuler des tendances de consommation et anticiper la demande en eau. Résultat ? Les collectivités connaissent la quantité d’eau consommée et peuvent adapter le volume d’eau à distribuer.

 

Etape 2 : Sectoriser son réseau en secteurs

La connaissance du réseau peut être facilitée par la sectorisation, qui consiste à délimiter le réseau d’eau potable en plusieurs secteurs. Cette répartition en secteurs simplifie l’exploitation du réseau : les gestionnaires de réseau peuvent par exemple mesurer la consommation sur un certaine branche et ainsi localiser plus facilement les anomalies telles que les fuites ou les dérives de la qualité de l’eau. La performance opérationnelle se voit améliorée grâce à des interventions sur le terrain plus réactives et plus efficaces qui permettent de réparer les fuites plus rapidement. C’est le choix qu’a fait la ville d’Anvers en Belgique, en parallèle de la mise en place de la plateforme digitale AQUADVANCED® Réseaux d’Eau, qui offre une surveillance en continu du réseau avec des analyses de données de débit, de pression et de qualité de l’eau pour détecter les fuites et améliorer la performance hydraulique globale du réseau.

 

Etape 3 : Ecouter les canalisations

D’autres méthodes intelligentes existent pour faciliter la recherche de fuites, comme le déploiement de prélocalisateurs acoustiques. Ces capteurs, dont l’installation ne nécessite pas de travaux importants, sont complémentaires à la sectorisation. Grâce à l’écoute du bruit dans les canalisations, ils détectent les fuites présentes grâce une mesure du son fréquente transmise chaque nuit. Si celui-ci croît, une fuite est détectée et de façon précise. L’exploitant reçoit alors une alerte à travers une interface logicielle ou par email, ce qui lui permet de planifier une intervention précisément ciblée afin d’effectuer les réparations rapidement. Cette méthode a permis au service de l’eau du Grand Poitiers d’économiser environ 960 000m³ d’eau en 2 ans.

 

Etape 4 : Moduler la pression pour prévenir toutes casses

Les variations de pression à répétition, ou transitoires, dans le réseau de distribution d’eau potable conduisent à une usure prématurée des canalisations, qui a pour conséquence des casses et des pertes en eau importantes. Cela engendre des frais d’investissements conséquents pour les gestionnaires qui doivent alors renouveler leur patrimoine plus fréquemment.  « Les opérateurs de réseaux manquent à ce jour de données pour peaufiner leur analyse et anticiper ce phénomène afin de réduire le nombre d’interventions sur le terrain » rappelle Mélissa Parot, Responsable AQUADVANCED® Réseaux d’Eau. La réparation des fuites est en effet le plus important poste de dépenses pour les exploitants. En modulant la pression, grâce à un outil de pilotage comme AQUADVANCED® Réseaux d’Eau, ils se prémunissent du risque de casses et réalisent des économies.

 

Etape 5 : Envisager un plan de renouvellement des canalisations

En France comme à l’étranger, les canalisations vieillissantes doivent être renouvelées afin d’éviter d’éventuelles casses. Alors que plus d’un quart de l’eau potable est perdu, ce qui représente chaque année une perte de 1,3 milliard de mètres cubes, les renouvellements ne sont pas priorisés car jugés trop chers. Au-delà des aspects financiers, ils représentent un enjeu sanitaire pour la population avec un risque de contamination de l’eau distribuée faisant suite à une casse. Alors que les études de renouvellement sont fastidieuses, les équipes de SUEZ et d’Optimatics adaptent l’outil Optimizer™ afin d’ « explorer des centaines de milliers de scénarios possibles », comme le rappelle Bertrand Vanden Bossche,  permettant ainsi des gains financiers de 10 à 30%.

 

Outre le gain financier et le respect des contraintes réglementaires, l’amélioration du rendement de réseau permet aussi de diminuer l’impact environnemental des collectivités. En réduisant ses pertes, la ville produit moins d’eau et donc diminue sa consommation de ressources et d’énergie utilisées pour la produire.  

 

 

*Source : Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement, rapport Panorama des services et de leur performance en 2017 de juin 2020